catherinebelge fondatrice & Admin
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| Sujet: SUISSE / Comment on bloque la loi sur les molosses‏ Sam 26 Déc - 22:20 | |
| CHIENS MÉCHANTS
Comment on bloque la loi sur les molosses A Préverenges (VD), un pitbull a mordu un bébé de 11 mois qui était dans sa poussette. L’affaire relance la polémique sur l’interdiction des chiens de combat, un débat qui s’enlise depuis 2005 quand un autre enfant, Süleyman, 6 ans, avait été tué par trois molosses à Oberglatt (ZH). Quatre ans plus tard, les Suisses en discutent comme au premier jour.Jocelyn Rochat - le 19 décembre 2009, 23h40 Le Matin Dimanche89 commentairesComment se fait-il que, malgré une volonté populaire évidente d’aller vers l’interdiction des chiens de combat, la Suisse n’ait pas franchi le pas? La question est revenue sur toutes les lèvres, cette semaine, quand on a appris qu’un bébé promené par sa mère en poussette, à Préverenges (VD), avait été approché et mordu au visage, le 9 décembre dernier, par un pitbull en situation illégale. Si l’affaire suscite autant d’émotion, c’est que cette question des chiens de combat fait l’objet d’un débat acharné depuis 2005 entre, d’un côté, les experts du monde canin qui dédramatisent, et, de l’autre, le grand public qui s’inquiète. A chaque fois, d’ailleurs, que le peuple suisse a pu donner son avis sur les «chiens potentiellement dangereux» – c’est le terme politiquement correct pour parler de ces chiens de combat –, il a clairement indiqué aux autorités qu’il fallait faire disparaître ces silhouettes musclées des rues helvétiques. Le message a été lancé par pétition, dès 2005, après la mort du petit Süleyman, déchiqueté sur le chemin de l’école d’Oberglatt (ZH) par trois pitbulls. Le quotidien Blick avait récolté 180 000 signatures réclamant l’interdiction de ces chiens de combat, et obtenu les paraphes de 148 parlementaires sur 246. Le message a été relancé via des sondages, notamment en mars 2006, quand une enquête commanditée par «Le Matin Dimanche» indiquait que 53% des Suisses voulaient une interdiction. Et le message a été contresigné lors de scrutins populaires. Le 24 février 2008, les Genevois étaient 65% à accepter une initiative demandant l’interdiction de douze races de chiens de combat. Et le 30 novembre 2008, les Zurichois bannissaient à leur tour ces animaux, avec 61% de votes favorables. Pourtant, à la fin 2009, la Suisse n’a toujours pas réglé le problème. Faute de solution nationale, les responsables régionaux se sont résignés à adopter des mesures variées qui dessinent une carte ubuesque du pays, où cohabitent des cantons qui n’ont pris aucune mesure (Neuchâtel) et d’autres qui ont établi des listes (Genève, Valais, Fribourg), sans oublier les territoires qui ont soumis la possession de quelques chiens de combat à une autorisation onéreuse (800 francs de taxe pour un pitbull dans le canton de Vaud). «Le Matin Dimanche» a tenté de comprendre les raisons d’un tel cafouillage, avec plusieurs élus qui ont pris position dans ce combat politique. Réponses avec un «jeu de loi» en cinq étapes. 1. «On ne fait pas la loi sous le coup de l’émotion» «Calmons le jeu!», «Pas de sensationnalisme!», «Tous les chiens mordent!», «Il y aura toujours des accidents», «Le risque zéro n’existe pas!», «Laissons ces questions délicates aux experts!» Le grondement des amis des molosses est bien réglé. On l’entend après chaque fait divers médiatisé. Cette envie de légiférer la tête froide se traduit encore par une disqualification des victimes, accusées de maintenir l’opinion publique dans un climat trop émotionnel. Lors de l’émission «Infrarouge», en 2005 sur la TSR, une jeune Valaisanne avait été chahutée après avoir raconté comment elle est allée chercher ses cheveux dans la gueule du pitbull qui l’avait scalpée. Ce genre d’argumentation crée un cercle vicieux, bien utile aux amis des molosses. Comme on ne peut pas légiférer sous le coup de l’émotion, on temporise, et ce qui doit arriver arrive: un nouveau fait divers relance l’émotion. Donc il faut encore attendre. Et ainsi de suite. 2. «Laissons ce débat aux experts!» Après avoir remis les victimes au pas dans les médias, les «experts» (éleveurs, associations cynologiques, vétérinaires, vétérinaires cantonaux…) reprennent la laisse en main dans les coulisses, où ils travaillent activement à museler les partisans de l’interdiction. Ils sont intarissables dans les petits cercles où la discussion politique se poursuit et prend une forme plus concrète. Là, on assiste au ballet des éleveurs, membres d’associations cynégétiques, vétérinaires, et, parfois, de vétérinaires cantonaux, qui viennent par exemple expliquer aux élus locaux et fédéraux que les bergers allemands mordent davantage que les pitbulls. Donc qu’il ne faut stigmatiser aucune espèce. Le député vaudois Jérôme Christen s’est ainsi retrouvé, un peu esseulé, avec sa collègue Solange Peters, dans la commission du Grand Conseil chargée d’évoquer une modification d e la loi concernant les pitbulls, «car la commission avait été remplie par des élus proches des amis des chiens, des éleveurs et des vétérinaires.» Et la commission a conclu à l’inutilité de toute mesure, avant d’être contredite en plénum. 3. «Vous pouvez bien voter, on verra ce qu’on appliquera…» Quand, comme à Genève, le peuple vote l’interdiction des chiens de combat, il n’a pas encore gagné. Jean Barth, l’un des promoteurs de cette initiative en 2008, observe avec inquiétude la manière dont le texte de l’initiative est actuellement transformé. «La résistance des opposants continue, explique-t-il. C’est un peu comme pour la fumée passive, nos élus ont de la peine à accepter les décisions populaires. La Loi d’application n’a pas encore été adoptée, la procédure traîne, et certains tentent de créer des exceptions qui permettraient de contourner la volonté populaire. Les lobbies, qui ont perdu la campagne, continuent à faire pression.» 4. «Le lobby des chiens est mieux organisé que le lobby des enfants» Cette pression des lobbies ne s’exerce pas seulement dans les cantons. Le Jurassien Pierre Kohler, qui avait plaidé pour une interdiction des molosses au niveau fédéral devant le Conseil national, l’a également observée. «Le système est complètement gangrené par les lobbies, et le lobby des chiens est mieux organisé et plus efficace que le lobby des enfants, dit-il. C’est terrible, parce que les défenseurs des molosses sont une minorité, mais elle est agissante, et parfois violente comme les chiens qu’elle défend, et elle envoie des lettres de menaces. Et comme les hommes et les femmes politiques n’ont pas de courage, la situation s’enlise.» Depuis que Pierre Kohler a quitté la scène fédérale pour retourner à Delémont, aucun élu n’a repris son combat. La patate chaude est tombée dans les mains de l’UDC Oskar Freysinger, parce qu’il préside la Commission de la science du Conseil national. 5. Retournez à la case départ Dans le doute et sous pression, les élus recherchent une porte de sortie en mettant en consultation les mesures imaginées. Les solutions light, que le Conseil national a difficilement adoptées, ont été transmises au Conseil des Etats, qui les a renvoyées en consultation. Même scénario dans le canton de Vaud, où les mesures plus dures imaginées cette semaine par la conseillère d’Etat De Quattro partent en consultation. «Quand on regarde cela de l’extérieur, ce qui est mon cas désormais, c’est désespérant, observe Pierre Kohler. La consultation, c’est idéal pour se laver les mains et ne pas réagir. Et puis, quand on consulte, on va toujours demander l’avis aux experts, et jamais des parents.» Demander leur avis aux experts? Cette idée vous renvoie à la case départ de ce triste «jeu de loi». En chemin, vous pourrez méditer une dernière réflexion de Pierre Kohler: «Au lieu de régler les 2-3% de cas de chiens qui posaient problème, on a mis en place un immense train de mesures diverses, avec des cours pour les personnes âgées, qui n’ont pas résolu les problèmes, mais qui emm… tout le monde!»Source : LeMatin.chhttp://www.lematin.ch/actu/suisse/bloque-loi-molosses-207378 | |
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